Les tours de Manhattan ! (chronique non-diffusée)
15 septembre 2001 / Chroniques du cielAviateurs, plus que tous autres citoyens nous sommes concernés par les incroyables et épouvantables attentats commis aux Etats-Unis par des assassins fanatiques. Non seulement ils ont détourné des avions, non seulement ils ont sacrifié les équipages et leurs passagers, mais ils ont aussi utilisé ces appareils comme des bombes pilotées pour massacrer des milliers d’innocents à New York et à Washington. Un nouveau concept de terrorisme après les détournements avec chantage pour obtenir des avantages politiques, de l’argent, les avions piégés avec des systèmes explosifs. La masse des avions modernes, la gigantesque quantité de carburant qu’ils portent et l’apparente facilité pour s’en rendre maître permettent cette nouvelle forme de terrorisme. Le fanatisme et une solide organisation, des moyens non négligeables, rendent cela monstrueusement aisé.
Mais en tant qu’aviateurs nous sommes aussi interpellés par le fait que ces terroristes fanatiques étaient quelque part des pilotes, il avaient appris les rudiments du pilotage, avaient fréquenté des écoles de qualité, certains avaient carrément passé des brevets professionnels, d’autres étaient sans doute des pilotes de lignes fanatiques ayant rejoint la cause suicidaire des autres membres de ces commandos de Kamikazes. L’aviation érigée comme une arme, les écoles de pilotages jugées irresponsables, le public s’interrogeant sur « l’étonnante facilité avec laquelle des terroristes peuvent être formés à une activité aussi criminelle ».
Pourtant l’aviation relie les hommes, elle les fait se rencontrer, se connaître, se comprendre et sans doute mieux s’aimer. Les avions civils sont des outils de paix, ils ne sont pas armés, pas plus que les équipages qui n’ont pas de formation au combat, à la violence et qui, au contraire, se sacrifient souvent pour leurs passagers, sont volontaires pour conduire des appareils détournés quand c’est nécessaire.
La conséquence seconde de ces drames est que plus de liberté sera encore retirée aux aviateurs, aux passagers, comme si nous étions en guerre et que nos engins étaient des menaces.
A quelques mois de l’anniversaire du premier vol des frères Wright, 1903, c’est une bien triste date que ce 11 septembre 2001 dans la longue et belle histoire de la conquête de l’air.
Michel Polacco