Accès rapide

Catégories

Une Brève Histoire de l’Aviation. Michel Polacco. (JC Behar Ed)
Du Bonheur. Michel Serres. Michel Polacco
De l’Impertinence (Michel Serres, Michel Polacco)
Défendre la langue Française (Serres Polacco) Le Pommier Mai 2018
Crash : Pourquoi des avions s’écrasent encore ? Michel Polacco. Oct 2017
De l’Amitié (Michel Serres, Michel Polacco)
Drones, l’aviation de demain par Michel Polacco. (Privat, Ed 2016)
A 380 avec 650 passagers !

A380 Air France de Goose Bay : Le BEA poursuit l’enquête (mai 2019)

14 mai 2019 / Chroniques du ciel


Le 30 septembre 2017, le vol Air France AF 066 de Charles de Gaulle  à Los Angeles, un A380-800, F-HPJE, avec 521 personnes à bord dont 24 membres d’équipage, perdait en vol le « fan » de son moteur numéro 4, celui qui est à droite de l’aile droite, à l’extrémité. L’appareil survolait alors le Sud du Groenland, au Nord-ouest de Narsarsuaq. 

 

 

On est pas passé loin de la catastrophe. Si les morceaux de plus de 500 kilos avaient percuté un point sensible du fuselage, au niveau 370, l’avion se serait soit désintégré soit aurait été perdu.

 

 

Cet événement catastrophique, un accident aérien selon la réglementation, n’est toujours pas expliqué. Ni par Airbus, ni par Air France, ni par le consortium constitué de General Electric et Pratt et Whitney fabricant le moteur GP 7200, ni par les bureaux d’enquêtes.  L’équipage s’était brillamment et calmement dérouté au Nord Canada, à Goose-Bay, d’ou le nom de 380 de Goose ! En respectant scrupuleusement les procédures. Un modèle ! 

 

 

 

On se souvient d’un événement un peu comparable, aux conséquence potentiellement aussi graves, en Asie avec un A380-800 de Qantas, Vol 32 en 2010. Le moteur était un Rolls-Royce, et là, déjà, la destruction interne n’avait pas été contenue. 

 

Finalement, les seuls éléments du moteur N°4 de l’A380  récupérés par les enquêteurs l’ont été dans les premiers jours qui ont suivi l’accident. 

 

Depuis  « Cette zone, assez large et imprécise, battue par la neige et les vents, zone dite d’accumulation, ne subit pas suffisamment de fonte de neige en été pour que les pièces puissent réapparaître naturellement à la surface. », précise le BEA. 

 

 

 

@ Bea Recherches avec un hélicoptère Écureuil juste après l’accident.

 

 

Le BEA français vient de publier un pré-rapport sur les recherches effectuées et celle à venir. Il donne des éléments de contexte de l’accident sans chercher à l’expliquer, faute d’éléments suffisamment concrets. Mais il explicite les recherches effectuées et à venir :

 

 

Après celle de 2017, courte, une nouvelle campagne de recherche a été conduite au printemps 2018. Le BEA a fait appel à l’ONERA qui a mis en œuvre un système expérimental qui n’avait encore jamais été utilisé dans des conditions similaires. « Il s’agissait de tenter de détecter et de localiser les débris sous la surface, à l’aide d’un radar de type SAR (synthetic aperture radar, ou radar à synthèse d’ouverture) avionné sous l’aile sur un Falcon 20 de la société privée française AvDEF (Aviation Defense Service),  3 campagnes de survol de la zone ont été réalisées pour un total de 3 semaines sur place. », précise le BEA. Dans un second temps, une campagne de recherche au sol a été menée pendant 4 semaines par une équipe de scientifiques du GEUS  (l’Institut de Géophysique du Danemark et du Groenland).

 

 

 

 Le Dassault Falcon 20 SAR Onera / AvDef, Météo France.

 

 

« Ces deux campagnes se sont suivies en avril et  mai 2018. Grâce à la campagne aérienne, quelques cibles ont été identifiées, et leurs coordonnées ont été transmises à l’équipe pour les recherches au sol. Mais ces cibles étaient de « faux positifs » : il s’agissait majoritairement de « poches d’eau de fonte re-solidifiées sous la surface ») écrit le BEA.

Les recherches n’ont finalement pas permis de retrouver de fragments du fan hub. « Elles feront cependant l’objet d’un nouveau rapport dédié qui sera également publié sur le site du BEA. Il a été jugé en effet que la recherche de débris en titane sous la neige, en déployant des technologies de pointe dans un environnement particulièrement exigeant, représente un challenge dont les enseignements doivent être partagés. »

 

À la suite de ces campagnes, l’ONERA a poursuivi un post-traitement des données qu’il avait acquises. Parallèlement, de nouveaux moyens de détection sont envisagés : en particulier, le groupe d’hydrogéologie de l’Université de Aarhus (Danemark) a développé un détecteur électromagnétique pour la  détection de pièces en titane. Cela a permis de préparer une Phase III : celle-ci a été lancée officiellement début février 2019. Elle nourrit l’ultime campagne de recherche de 4 semaines supplémentaires en cours ce mois-ci (mai 2019) sur le site sur la pointe sud du Groenland, 19 mois après l’accident. (et cofinancée par le BEA et l’AIB son homologue danois).

 

 

Télécharger le rapport :F-HPJE_TECHNICAL_REPORT

 

 

Voir également l’article de Gil Roy sur AeroBuzz

 

 

 

 @ BEA Le campement l’an passé lors des recherches.

 

Pour toute la communauté aéronautique, et bien sûr pour les enquêteurs français, il est néanmoins primordial de retrouver le moyeu en titane de la soufflante du moteur (fan hub). Les A380 comme les avions équipés d’autres moteurs pourraient être victimes de tels accidents…. 

 

 

Michel Polacco