Accès rapide

Catégories

Une Brève Histoire de l’Aviation. Michel Polacco. (JC Behar Ed)
Du Bonheur. Michel Serres. Michel Polacco
De l’Impertinence (Michel Serres, Michel Polacco)
Défendre la langue Française (Serres Polacco) Le Pommier Mai 2018
Crash : Pourquoi des avions s’écrasent encore ? Michel Polacco. Oct 2017
De l’Amitié (Michel Serres, Michel Polacco)
Drones, l’aviation de demain par Michel Polacco. (Privat, Ed 2016)
A 380 avec 650 passagers !

Le prix de Dassault

30 mai 1999 / Chroniques du ciel


Pas facile de savoir combien vaut une
entreprise qui construit des avions. On n’en vend pas tous les jours. Ainsi, lors de la
fusion constituant le groupe Aérospatiale-Matra qui entre en bourse, en se privatisant,
il avait été bien difficile de valoriser l’entreprise Dassault Aviation dont le
nouveau groupe détient 46 %.
Question cruciale pourtant, puisque cela conditionnait le prix payé par le groupe
Lagardère pour entrer dans le capital d’Aérospatiale, et donc la part finale du
groupe Lagardère dans le nouveau groupe Aérospatiale Matra. Part fixée à 33 %.
Qui sait si cela n’aurait pas dû être différent ?
En effet un élément nouveau vient d’intervenir. Sans que cela intéresse
beaucoup les Français, l’un des deux concurrents des avions d’affaires Falcon
de Dassault Aviation, la firme Gulfstream vient d’être vendue au groupe américain
qui autrefois fabriquait les avions F16, le groupe General Dynamics. Vente pour 32
milliards de francs.
Surprise, on découvre qu’un constructeur d’avions d’affaires peut se
vendre deux fois et demi le montant de son chiffre d’affaire annuel.
Rapportons cette affaire à la valorisation de Dassault Aviation. L’ensemble civil
et militaire a fait l’an passé un chiffre d’affaires de 20 milliards de francs,
dont 10 pour ses avions civils. En carnet de commandes comme en livraisons annuelles,
Gulfstream et Dassault pour ses Falcon, sont deux entreprises très comparables…
Pourtant fonctionnaires de l’Etat Français, financiers d’Aérospatiale et de
la banque Lazare qui ont conseillé le gouvernement pour l’opération de fusion
n’ont estimé l’ensemble de la valeur de Dassault Aviation qu’à 5
milliards de francs, si l’on fait exception de la forte trésorerie de
l’entreprise, soit 2,5 pour les Falcon.
C’était peut être de bonne foi, mais aujourd’hui à la lumière de la vente
de Gulfstream, on peut dire qu’il y a eu erreur, et même, on peut se demander
s’il ne faudra pas à un moment ou à un autre revoir la copie.
En gros, Dassault Aviation, en tout cas, les avions civils Falcon ont été estimés au
dixième de leur prix. 2,5 contre 25 ou à peu près. Au plus grand avantage de
Lagardère.
Nul doute qu’à la veille du Salon du Bourget, qui débute dans quinze jours,
cette affaire consécutive à la juteuse vente de Gulstream alimentera la chronique.