Accès rapide

Catégories

Une Brève Histoire de l’Aviation. Michel Polacco. (JC Behar Ed)
Du Bonheur. Michel Serres. Michel Polacco
De l’Impertinence (Michel Serres, Michel Polacco)
Défendre la langue Française (Serres Polacco) Le Pommier Mai 2018
Crash : Pourquoi des avions s’écrasent encore ? Michel Polacco. Oct 2017
De l’Amitié (Michel Serres, Michel Polacco)
Drones, l’aviation de demain par Michel Polacco. (Privat, Ed 2016)
A 380 avec 650 passagers !

Pauvre porte-avions

22 novembre 2001 / Chroniques du ciel


France Inter, Journal de 13 heures du 22 novembre en direct du salon de l’éducation.

Depuis le 11 septembre la stratégie affichée par la France est d’une telle complexité qu’il est certain que si nos alliés n’y comprennent rien, les Talibans et Ben Laden, à coup sûr sont incapable de la décoder.
Bon Point !
En un mois et demi, la solidarité de la France puissamment affichée sur le plan verbal s’est manifestée par la poursuite de la navigation de quelques bâtiments de la Marine à proximité du Golfe Arabo-persique, par une première, l’Etat a publiquement déclaré que des agents de la DGSE opéraient sur un terrain extérieur.
Et puis deux avions d’écoutes et de reconnaissance, Transall Gabriel et Mirage IV P, quelques semaines plus tard ont été annoncés comme participants aux opérations menées par Américains et Anglais en Afghanistan.

Mais l’outil de gestion de la puissance française outre-mer, le porte avion était en cale sèche. Pauvre porte-avions qui après avoir accumulé les retards et les incidents, et la solitude, grâce à la mauvaise gestion politique du programme depuis quinze ans, se retrouve la coque à l’air quand trois flottes américaines opèrent dans l’Océan Indien et que les Anglais ressortent leurs vieux porte-avions désuets mais à flot.

Ainsi donc, la stratégie française de gesticulation est aussi efficace et bruyante que sa participation est imperceptible.

Mais, comme les carabiniers, les Français sont prêts, lorsque les Talibans sont enfin en déroute, pour aller cette fois-ci, pour de vrai, sur le terrain.

Carrément le président de la République dérange le journal de 20h00 pour annoncer qu’on en envoie 60. pas 60 bateaux ou 60 régiments, 60 hommes, de la Turquie jusqu’en Ouzbékistan puis Mazar-e-Sharif, on ne nous dit pas que se sont les Américains qui vont les transporter, pour aller sécuriser l’aérodrome.

Mais l’Alliance du Nord ne voit pas les choses ainsi. Ces Français ne vont quand même pas venir recueillir des lauriers humanitaires quand ils étaient absents pendant les combats.

Et donc, l’humanitaire urgent et français personne n’en voit la couleur.

Nous envoyons aussi des Mirage 2000 dit le président, on ne sait pas où ils seront basés, et s’ils sont performants, on peut se demander à quoi ils serviront alors que la phase est maintenant à la guérilla plutôt qu’aux bombardements.

Et puis cerise sur le gâteau, cette fois ci c’est Matignon : Lionel Jospin annonce, je cite, que « le Charles de Gaulle sera déployé mi-décembre dans l’océan Indien pour participer à la recherche d’Oussama Ben Laden et des dirigeants d’Al Qaïda, dans l’hypothèse où ils tenteraient de s’échapper par la mer ». mais avant il faut lui constituer un groupe aéronaval Européen. Assurément, on est pas pressé.

Bravo . Là, messieurs nos dirigeants, nous qui sommes en direct du Salon de l’Education, nous vous demandons de la pédagogie. Expliquez nous. :
1. Le porte avion est-il bien un bateau ?
2. l’Afghanistan a-t-il des plages par où Ben Laden pourrait s’échapper ?
3. le 15 décembre, n’est il pas encore un peu tôt pour participer,
4. pourquoi veut-on tant de mal à ce pauvre porte-avions qu’il faudrait avoir la décence de débaptiser de son nom illustre,
5. pourquoi des Mirage 2000 pour chasser Ben Laden dans les montagnes afghanes alors qu’il faut des forces spéciales et des hélicoptères… et qu’il y a aussi des super Etendard sur le porte-avions.

En gros, y a-t-il une solution pour faire remonter le Charles de Gaulle jusqu’à Kaboul ?

On le voit, vu de France, ce n’est plus de la chronique militaire que relève la stratégie française… place aux chansonniers.

Mais quelle tristesse pour nos militaires et nos industriels, globalement pour notre pays, qui s’il est toujours en retard d’une guerre est toujours en avance d’une blague.

Michel Polacco